Le traumatisme en psychanalyse : repères et évolutions cliniques

Le traumatisme en psychanalyse : repères et évolutions cliniques

Repères psychanalytiques autour du traumatisme : Freud, Lacan, Ferenczi, Duchet. Un éclairage clinique sur les effets psychiques de la sidération traumatiqu

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Apr 10, 2025
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Introduction
La clinique du traumatisme, apparue au XIXe siècle avec les accidents de chemin de fer, a évolué pour intégrer des approches variées. Aujourd’hui, deux courants principaux structurent l’analyse théorique du traumatisme : le courant américain, centré sur le DSM, et le courant psychanalytique, largement présent dans les prises en charge militaires.

1. Le DSM et l’État de Stress Post-Traumatique (ESPT)
Le DSM-5 définit le traumatisme comme une exposition à la mort, à une blessure grave ou à des violences sexuelles, avec différentes formes d’exposition. L’ESPT est caractérisé par quatre familles de symptômes : intrusion, évitement, hypervigilance et altérations cognitives/affectives. Cependant, ce modèle est critiqué pour son approche trop descriptive, n’intégrant pas les processus psychiques profonds.

2. Le traumatisme en psychanalyse : Freud et Lacan
Freud définit le traumatisme comme une effraction du "pare-excitation" psychique, entraînant un afflux d’énergie que le sujet ne peut symboliser. Ce choc, vécu dans l'effroi, active la compulsion de répétition, sous la domination de la pulsion de mort. Lacan, de son côté, situe le traumatisme dans le réel : un événement qui s’insère dans la structure symbolique du sujet et en perturbe les repères.

3. Névrose de guerre et hystérie
Ferenczi distingue les névroses de guerre des affections organiques, montrant que les symptômes (abasie, astasie...) sont liés au traumatisme et ont un sens fonctionnel. Freud rapproche ces névroses de l’hystérie, mais note une atteinte plus profonde, versant parfois dans l’hypocondrie et la mélancolie. La névrose traumatique se distingue des névroses de transfert par son lien avec le réel de la mort plutôt que le sexuel.

4. Traumatisme : entre réel et psychisme
Ferenczi décrit le clivage de la personnalité face au traumatisme : fragmentation psychique, repli autistique, hallucinations réparatrices. Pour certains auteurs, ces manifestations peuvent évoquer des formes psychotiques. La structure du sujet reste cependant stable, bien que modifiée par la trace de l'événement.

5. La névrose traumatisée selon Clara Duchet
Clara Duchet propose une théorie originale : le traumatisme actuel peut faire écran à une névrose infantile non résolue. Ainsi, tous les sujets ne réagissent pas de la même manière à un événement traumatique. Le réel de la mort confronte le sujet à une absence de représentation, réactivant une phase archaïque et inhibant les conflits sexuels. Cette théorie réconcilie approche historique du sujet et intensité de l'événement, et constitue une tentative d'unification de la compréhension du trauma.

Conclusion
Le traumatisme psychique demeure un champ complexe où se croisent mécanismes de défense, atteintes narcissiques, et remaniements structurels. De Freud à Duchet, les apports de la psychanalyse permettent d'enrichir les modèles médico-psychologiques classiques, en soulignant l'impact subjectif singulier de chaque trauma.