Clinamen : une vision integrative du soin face aux psychotraumatismes

Clinamen : une vision integrative du soin face aux psychotraumatismes

Découvrez la vision intégrative de l’Association Clinamen pour une prise en charge humaine et transversale du psychotraumatisme.

Date
Apr 14, 2025
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Genèse d’un projet pluriel

Ce projet prend racine dans une réflexion de plus de cinq années. Plusieurs constats se sont imposés à nous :

  • Une fréquence élevée de troubles psychiques liés à des événements traumatiques, souvent peu diagnostiqués.
  • Un déséquilibre géographique dans les dispositifs d’accompagnement disponibles.
  • Le besoin d'attirer de jeunes praticiens et de leur transmettre un cadre clinique vivant.
  • L'urgence de proposer une approche cohérente, respectueuse, interdisciplinaire, centrée sur le patient.

Après bien des détours, l’Association Clinamen est née.

Pourquoi Clinamen ?

Le nom intrigue, interroge, parfois même dérange. Pourtant, il incarne une philosophie fondatrice.Issu de la pensée d’Épicure et Lucrèce, le clinamen est cette déviation imprévisible qui permet aux atomes de se rencontrer et de créer la matière. Sans lui, tout resterait figé dans une mécanique déterministe. C’est ce "trouble qui fait naître les choses", selon Ilya Prigogine.

Transposé à l’anthropologie, ce concept incarne la possibilité du libre arbitre, de la transformation, de la résilience. Il symbolise ce point d’inflexion, ce moment où un vécu chaotique peut devenir élan de vie.

Le trauma comme clinamen psychique

En psychologie, Anna Freud distinguait le trauma (le choc) du traumatisme (sa trace subjective). La mémoire traumatique, figée, répétitive, nous empêche d'évoluer. Elle se manifeste dans l’hébétude, l’hypervigilance, les cauchemars.

Notre rôle de soignant est alors d’accompagner la reconstruction du récit, dans un espace contenant et bienveillant. Nous ne donnons pas le sens, nous permettons au patient de le reconstruire.

Une éthique de l’altérité

Philippe Meirieu dénonce avec justesse l’« entre-soi » qui gangrène nos sociétés. Notre démarche prend le contre-pied de cette logique :

  • Des générations qui se rencontrent.
  • Des cultures qui se mélangent.
  • Des professionnels expérimentés qui coopèrent avec des jeunes praticiens.
  • Des patients qui ne sont plus des objets de soin, mais des sujets co-auteurs de leur processus.

Nos patients nous enseignent. Leurs expériences ont révélé les limites des dispositifs existants et ont nourri ce projet.

Une clinique collaborative

Ce projet repose sur une coopération interdisciplinaire réelle : médecins, thérapeutes, praticiens du corps. Chacun agit selon ses compétences, en lien avec les autres. Le patient n’est plus renvoyé d’un service à l’autre, mais devient le centre d’un dispositif articulé.

L’approche intégrative : un socle théorique et pratique

Le traumatisme n’a pas une cause unique. Il est le fruit d’un enchevêtrement de facteurs. Il convoque le corps, le psychisme, l’histoire, l’environnement.

Comme le dit Jacques Constant, il "transperce la cloison entre le corps et l’esprit". D’où l’importance d’articuler différentes méthodes : psychologie, psychanalyse, neurologie, thérapies corporelles...

L’approche intégrative repose sur deux piliers :

  • Le relativisme (pas de vérité absolue).
  • Le constructivisme (le patient est acteur de sa prise en charge).

Cette souplesse favorise l’alliance thérapeutique, reconnue comme le principal facteur d’efficacité en psychothérapie.

Un positionnement territorial fort

Notre association agit au plus près du terrain : Bordeaux, Saint-André-de-Cubzac, bientôt ailleurs. Nous hébergeons de jeunes professionnels en les accompagnant matériellement, en échange de leur implication dans nos actions. Nous construisons des pôles de soin reliés aux acteurs locaux.

Une réponse adaptée au trauma complexe

Face aux dispositifs centrés sur l’urgence ou le trauma simple, notre approche intègre la complexité évolutive du traumatisme :

  • Multiplicité des causes et des symptômes.
  • Singularité de chaque parcours.
  • Émergence de nouveaux troubles liés aux mutations sociales : post-Covid, éco-anxiété...

Emma Lawrance rappelle que la santé mentale est "l’impact invisible du changement climatique". Notre clinique doit évoluer avec la société.

Conclusion (provisoire)

Nous ne sommes pas des spécialistes isolés, mais des artisans du soin. Nous favorisons la rencontre, le lien, la co-construction. Le patient est au centre, le soignant est compagnon de route. Le chaos du trauma peut devenir élan de vie. Comme le nautile de notre logo, la spirale se structure autour du trouble.

Et c’est ce mouvement que nous appelons Clinamen.